Et si on parlait des produits chimiques dans nos tampons et serviettes ?

En cette journée mondiale pour la santé des femmes & la santé menstruelle, et si on parlait des produits chimiques dans nos tampons et serviettes ?

Pas besoin d’aller jusqu’à regarder le changement dans la capacité reproductive des poissons pour se rendre compte que nos corps à nous aussi sont transformés par les choix extractifs et écocidaires.

Les tampons et serviettes menstruelles sont composées principalement de coton et de plastique.
▶ Dans le coton, des pesticides : en 2016, une étude argentine mettait en évidence des traces d’herbicides dans les tampons et les serviettes hygiéniques. Suite à ces résultats, une pétition de plus de 40000 signataires demandait en France la publication de la composition des produits mis en vente. Sans succès.
▶ Dans le plastique, des produits chimiques dangereux pour la santé.
Beaucoup sont cancérogènes et perturbateurs endocriniens. Notamment les PFAS, les fameux produits chimiques éternels parce qu’ils se dégradent très peu et s’accumulent dans nos corps et dans l’environnement.

Et puis, à cause de tout ce plastique, les tampons et serviettes sont quasi impossibles à recycler. Le plastique met en moyenne 500 ans à se dégrader, alors que les tampons et serviettes n’ont servi que quelques heures. Leur destination n’est pas toujours la poubelle (puis l’incinération ou la décharge) : c’est le 5ème type de déchet en plastique retrouvé sur les plages, où elles polluent les eaux et les espèces marines.

Soyons honnêtes : parler des tampons comme enjeu écologique en fait sourire plus d’un. Ceux qui sourient nous disent qu’il y a plus grave et plus urgent, à commencer par sauver la planète. Comme si cela n’avait rien à voir. Comme si nous faisions un immense hors-sujet, toutes à nos préoccupations de femmes. Ce mépris n’est pas l’expression d’une hiérarchie des priorités, mais d’une disqualification de certains sujets par le système patriarcal.

Notre expérience de vie fait que nous avons un rapport intime, sensible, à l’écologie. Dans la vie réelle, la dégradation de l’environnement, c’est la dégradation de nos conditions de vie.

A l’ère anthropocène, quand la pollution s’infiltre dans nos organismes, il faut continuer à lutter pour exiger un contrôle de nos corps.

Cela passe par :
Interdire les substances chimiques dangereuses.
Imposer aux fabricants d’afficher la composition des produits menstruels.
Et soutenir les alternatives (cups , culottes menstruelles…), y compris pour aider les consommatrices à y accéder financièrement.